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Bulletin de FAIR Canada 

Avril 2015
Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières et la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario défient toute logique avec les changements apportés à la réglementation du marché dispensé

 

Dispense pour investissement d'une somme minimale:

 

FAIR Canada appuie la décision des Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) de revoir la dispense pour investissement d'une somme minimale de façon à ce que les particuliers ne puissent plus y avoir recours. Nous félicitons les ACVM d'avoir reconnu que le montant investi n'est pas un bon indicateur des connaissances des investisseurs particuliers ou de leur capacité à assumer des pertes financières.

 

La dispense en faveur des investisseurs qualifiés:

 

Compte tenu de ce qui précède, FAIR Canada est déçue que les ACVM aient choisi de continuer à s'appuyer sur un critère financier pour appliquer la dispense en faveur des investisseurs qualifiés, refusant ainsi de reconnaître que le revenu et la richesse ne sont pas de bons indicateurs des connaissances des investisseurs particuliers dits « qualifiés » ni de leur capacité à assumer des pertes financières (il n'existe pas de bon indicateur de la capacité à assumer des pertes). Nous aurions grandement préféré que les ACVM procèdent à une réforme fondamentale de cette dispense afin que soit prévu un examen réel et valide des connaissances.

 

À tout le moins, le critère financier doit être revu pour faire en sorte que soient mieux ciblés les particuliers qui ont la capacité d'assumer les risques et les pertes financières ou qui ont la capacité financière d'obtenir des conseils financiers propres. À cette fin, nous sommes d'avis qu'il serait prudent d'adopter les mesures suivantes : a) exclure du calcul de l'actif net les avoirs contenus dans les régimes enregistrés d'épargne-retraite et les régimes enregistrés d'épargne-études (comme le sont déjà les avoirs de retraite); b) ajuster les seuils en fonction de l'inflation maintenant et de façon périodique; c) exclure de l'actif net et du critère financier la part détenue par un investisseur dans sa résidence principale; d) limiter le montant de tout placement de façon à éviter la surpondération (parmi les recommandations que nous avons formulées  ici).

 

Étant donné l'étendue des problèmes qu'ont eus les organismes de réglementation des suites de la vente à des investisseurs non qualifiés de placements relevant du marché dispensé en vertu de la dispense en faveur des investisseurs qualifiés, une certification indépendante (même fondée sur un critère financier) aurait contribué grandement à protéger les investisseurs. FAIR Canada fait remarquer que les ACVM s'appuient sur un formulaire de reconnaissance de risque pour protéger les investisseurs, mais ce formulaire utilise un langage passe-partout qui n'a pas été mis à l'essai afin de vérifier s'il permet de communiquer efficacement les risques aux investisseurs. En outre, les ACVM ont amoindri la valeur de la reconnaissance en n'obligeant plus les vendeurs et les intermédiaires à signer le formulaire.

 

Dispense relative aux membres de la famille, aux amis et aux partenaires:

 

FAIR Canada souligne que cette dispense est difficile à contrôler et qu'on en abuse largement dans d'autres provinces du Canada. Nous sommes déçus que l'Ontario ait choisi d'emboîter le pas aux autres provinces en adoptant cette dispense compte tenu des abus observés et de la difficulté à assurer la conformité sur le plan pratique (y compris la difficulté, pour le personnel de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, à assurer le suivi de la conformité). Nous sommes également déçus que certaines mesures (comme limiter l'émission, interdire la publicité, interdire le recours à des courtiers attitrés ou à des intermédiaires, exclure les titres complexes ou nouveaux et interdire le paiement d'honoraires d'intermédiaire ou d'autres frais du genre à qui que ce soit) aient été mises de côté dans l'intérêt de l'harmonisation. Une fois de plus, les organismes de réglementation ont décidé de se reposer sur le formulaire de reconnaissance des risques sans vérifier s'il contribue réellement à protéger les investisseurs. Nous pressons les organismes de réglementation de réaliser une recherche empirique adéquate.

 

La dispense relative aux membres de la famille, aux amis et aux partenaires présume que les proches du promoteur sont à même de juger de sa fiabilité. Cependant, les nombreux cas de fraude par affinité, dans le cadre de laquelle le fraudeur s'en prend à un ou plusieurs groupes de personnes avec lesquelles il partage un lien (comme les membres de la famille, les amis et les organismes sociaux), démontrent que cette présomption est erronée. La commercialisation d'un stratagème d'investissement frauduleux auprès des membres d'une organisation ou d'un groupe distinct demeure une pratique fructueuse pour les auteurs de combines à la Ponzi et autres fraudeurs.

 

Les organismes de réglementation des valeurs mobilières ne devraient pas se contenter de surveiller les cas de fraudes touchant la famille et les amis et d'en faire le suivi. Ils devraient également publier leurs conclusions. Nous continuons à demander la publication de ces renseignements.

 

Déclarations de placement avec dispense:

 

Les ACVM ont décidé d'attendre avant d'apporter des modifications à la déclaration de placement avec dispense. Il est urgent que les modifications soient apportées à cette déclaration pour permettre aux organismes de réglementation de recueillir les renseignements de base dont ils ont besoin pour comprendre cet aspect des marchés des capitaux et d'obtenir suffisamment de données pour pouvoir prendre des décisions éclairées et établir une réglementation efficace. FAIR Canada et plusieurs intervenants du milieu universitaire ont demandé aux organismes de réglementation d'améliorer leur compréhension du marché dispensé en recueillant de meilleures données. Remettre cet effort à un projet distinct (et fort probablement ultérieur) des ACVM défie toute logique. Compte tenu des importantes préoccupations relatives à la protection des investisseurs qui ont été ciblées sur le marché dispensé, la taille possible du marché dispensé et l'éventuelle possibilité d'étendre l'accès à celui-ci aux investisseurs particuliers, il est urgent d'obtenir de meilleures données. Nous ne pouvons nous permettre d'attendre plus longtemps.

 

Faisons-nous vraiment le maximum pour prévenir les fraudes en matière d'investissement?

Mars étant le Mois de la prévention de la fraude, les Canadiens reçoivent une abondance de renseignements sur la manière d'éviter de se faire escroquer. C'est très bien. Sensibiliser le public est impératif, et il est à la fois souhaitable et nécessaire d'inciter l'investisseur moyen à se protéger. Mais ce n'est pas suffisant.

 

Nous pouvons exhorter les gens à ne pas se laisser piéger par les occasions qui semblent « trop belles pour être vraies », mais, dans les faits, ce conseil n'aidera que ceux qui sont à même de distinguer les véritables occasions des tentatives de fraude, ce qui est le cas de très peu de gens. À titre d'exemple, une récente étude a montré que seulement 12 p. 100 des Canadiens ont des attentes réalistes à l'égard des rendements des marchés.

 

Cette naïveté s'explique en partie. Les banques obtiennent un rendement de plus 20 p. 100 sur les prêts sur cartes de crédit, alors pourquoi l'investisseur moyen ne croirait-il pas qu'il peut obtenir des rendements du capital investi supérieurs à 10 % grâce à des placements dans une institution se présentant comme une institution de services financiers? Pourquoi ne croirait-il pas les boniments d'un escroc qui lui dit : « Faites-moi confiance, c'est comme ça que les riches font de l'argent » alors même que les médias rapportent que les riches deviennent réellement de plus en plus riches, et ce, grâce à un accès privé à des offres lucratives.

 

Nous avons aussi publié une tribune libre sous la rubrique  Inside track dans la version en ligne d'Investment Executive. Pour lire cet article sur notre site Web, cliquez  ici.   

Préoccupations ciblées concernant les produits structurés
 

James Langton a souligné les conclusions de la Financial Conduct Authority (FCA) du Royaume-Uni sur les produits structurés, lesquelles faisaient remarquer qu'il reste encore beaucoup à faire pour protéger les consommateurs compte tenu de la complexité et des particularités de ces produits. Le sondage mené au Royaume-Uni a révélé que les consommateurs surestimaient le rendement attendu des produits structurés et qu'ils devaient se voir offrir des rendements relativement élevés sur des dépôts en espèces sans risque pour les préférer aux produits structurés. La FCA a déclaré : « Les dépôts structurés ont leur place sur le marché. Cependant, nos recherches démontrent que de nombreux consommateurs ont de la difficulté à en comprendre le fonctionnement et les comparent aux placements non traditionnels. Il est donc essentiel pour les sociétés de s'assurer que la façon dont elles conçoivent et commercialisent ces produits repose sur les besoins des consommateurs. Nos travaux indiquent toutefois que ce n'est pas toujours le cas. » Voici certaines des préoccupations soulevées par la FCA :

  • Les cadres supérieurs des sociétés doivent faire davantage pour placer les consommateurs au centre de leur approche en matière de gouvernance des produits. Ils devraient d'abord déterminer distinctement un marché cible au moment de la conception du produit, puis informer tous les intervenants subséquents de la stratégie d'élaboration et de distribution du produit.
  • Les produits structurés devraient offrir des perspectives de rendement raisonnables pour les consommateurs dans le marché cible. Les sociétés doivent être en mesure d'établir et de démontrer ces perspectives au moyen de tests de tension rigoureux menés dans le cadre du processus d'approbation des produits. Les produits qui échouent à ces tests ne devraient pas être élaborés ni distribués.
  • Les sociétés doivent fournir aux consommateurs des renseignements clairs et équilibrés sur chaque produit et sur les risques connexes. Il est particulièrement important qu'elles fournissent aux consommateurs des renseignements expliquant la probabilité de réalisation du potentiel de rendement de même que les risques pour le capital.
  • Les émetteurs doivent renforcer le suivi du cycle de vie de leurs produits. Ils doivent notamment s'assurer que les distributeurs disposent de suffisamment de renseignements sur les produits pour pouvoir les vendre correctement et que chaque produit est bel et bien distribué dans son marché cible.

Nous encourageons les organismes de réglementation canadiens à déterminer (s'ils ne l'ont pas déjà fait) à qui sont vendus ces produits au Canada. Sont-ils vendus dans leur « marché cible » ou plutôt à des Canadiens qui achètent normalement des certificats de placement garanti et qui, en raison des faibles taux d'intérêt, sont attirés par ces produits plus complexes?

Pour consulter l'étude menée au Royaume-Uni, cliquer ici.

 

Commentaires de FAIR Canada sur la dispense de prospectus simplifié concernant les émissions de droits
 

FAIR Canada a formulé des commentaires à l'intention des ACVM concernant les modifications proposées au régime existant d'émission de droits dispensée de prospectus. Nous appuyons les efforts réglementaires visant à améliorer la capacité des émetteurs assujettis à réunir des capitaux à peu de frais tout en protégeant les investisseurs. FAIR Canada appuie également les efforts déployés par les organismes de réglementation pour examiner pourquoi la dispense relative aux émissions de droits est rarement utilisée au Canada alors qu'elle est largement utilisée dans d'autres endroits (comme au Royaume-Uni, à Hong Kong et en Australie), et pour recueillir et publier des données. Nous encourageons les organismes de réglementation à dévoiler, dans leurs documents de consultation, les résultats des recherches entreprises, y compris toutes données de référence. Enfin, FAIR Canada appuie les efforts visant à réduire le délai requis pour procéder à une émission de droits, puisque ces efforts permettront de mobiliser des fonds plus efficacement, de réduire les coûts du capital et de préserver l'intégrité du marché, et ce, au profit tant du marché que des sociétés et des actionnaires.

 

Les commentaires de FAIR Canada sur les modifications proposées comprennent ce qui suit :

  • L'avis devrait contenir un lien vers le prospectus. Les actionnaires qui ne peuvent recevoir de documents par voie électronique devraient recevoir une copie papier de l'avis ainsi que des instructions sur la façon d'accéder au prospectus.
  • Les ACVM ne devraient pas abandonner l'examen réglementaire des prospectus. Nous suggérons diverses options à cet égard, comme examiner un certain pourcentage des prospectus déposés selon un processus de sélection fondé sur les risques ou exiger un examen réglementaire pour les émetteurs non cotés.
  • Les ACVM devraient envisager de suivre le processus d'émission de droits de Hong Kong et du Royaume-Uni, qui exige que les émetteurs remboursent les actionnaires ayant choisi de ne pas se prévaloir de leurs droits à partir des produits découlant de l'acquisition de nouvelles actions. Les actions découlant des droits sont vendues au profit des actionnaires qui ne se sont pas prévalus de leurs droits, après la période de souscription, afin que tout produit excédant le prix d'émission et les dépenses liées au placement puisse leur être versé.
  • Diverses recommandations en matière de gouvernance concernant l'approbation des actionnaires et l'élection des membres des conseils d'administration, de même que l'autorisation d'émettre des actions.
  • Les ACVM devraient étudier la recherche existante pour déterminer quel type de régime d'émission de droits permet d'accroître au maximum la valeur pour les actionnaires. Elles devraient également examiner la question de la négociabilité des droits, l'établissement des conditions relatives à la cessibilité et les raisons pour lesquelles les émetteurs restreignent la négociabilité.

 

FAIR Canada est un organisme de bienfaisance national voué à la défense des épargnants.

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