Par temps de crise économique, il arrive fréquemment que des entreprises se mettent à restreindre les déplacements de leurs cadres. Cette restriction, si elle permet de limiter les frais généraux, entraine néanmoins un recours systématique aux outils de télécommunication. Cela peut pénaliser l'efficacité des entreprises.
En effet, la communication est un acte social dont le but est de transmettre des données pour informer. Tout acte de communication, dès lors qu'il conduit à un contact[1] entre les protagonistes, établit un lien, un attachement entre des individus : c'est la relation. Le concept de communication renvoie à ceux d'information, de savoir, de réception ; celui de relation évoque davantage l'attachement, la compétence, l'empathie...
Parce qu'ils permettent la circulation et la transmission rapide de l'information, les outils de la communication favorisent également la mobilité. Ils raccourcissent les délais de la prise de décision et renforcent donc l'efficacité des organisations. Mais ces outils ont aussi leurs limites et les ignorer peut conduire à des situations bien fâcheuses tant du point de vue individuel que de celui des organisations.
Trop de technologie : risques pour la personne
« La carte n'est pas le territoire » disait Alfred Korzybski. L'usage excessif des outils de communication conduit à une « virtualisation » plus ou moins grave de notre environnement dans la mesure où nos expériences se déroulent dans une représentation spéculée du monde extérieur (la carte) et non pas au travers de confrontations avec la « réalité » (le territoire). A l'extrême, dans cette perte de contact avec le réel, les psys l'appellent « schizophrénie », on ne vit plus dans le monde commun, mais dans un monde privé où « le mouvement de l'existence vers les choses n'a plus son énergie » (MERLEAU-PONTY). Dans un monde totalement virtuel, tous les évènements se déroulent à la vitesse de la lumière. C'est le summum de la mobilité ! Mais il nous faut en permanence doser mobilité et réalité pour échapper à la folie, à l'exil intérieur et à l'absurde.
Pas de discernement : risques pour les organisations
Il ne viendrait à l'esprit de personne d'acquérir sa résidence principale sur internet sans s'être déplacé sur les lieux, sans s'être fait une idée tangible du bien. Pour produire des décisions de qualité, nous avons besoin de construire des représentations significatives basées sur nos connaissances, nos sensations, nos intuitions, nos impressions, nos émotions, notre conscience.... Ce processus de maturation n'est possible que dans un contexte où le contenu de l'information échangée (le sens) est aussi important que la manière dont elle est échangée (le processus). Chaque micro geste, chaque mimique, tout acte manqué, les diverses postures, les mouvements de nos interlocuteurs stimulent notre conscience et nous mobilisent vers la décision et l'action. Le langage non verbal est très peu retranscrit par les outils de communication. Son absence proscrit, lorsque l'enjeu est élevé, l'usage des technologies de la communication. Le recours à un mode d'échange plus organique enrichit considérablement la qualité et la quantité d'information. Seule la relation humaine directe entre les personnes leur offre l'opportunité de renforcer la qualité et la sagesse des décisions.
Chacun l'aura compris, la manière de transmettre nos messages véhicule autant de sens (sinon plus) que le contenu du message. Selon les sujets, un email envoyé depuis un Ipad dans la salle d'attente d'un aéroport peut avoir des conséquences et un impact négatifs sur vos destinataires.
Utilisé sans discernement, le recours aux technologies de la communication peut aggraver la situation de l'entreprise...
Utilisée sans modération, il peut déconnecter les personnes de la réalité et dégrader leur jugement et donc leur efficacité professionnelle...
Comment éviter les excès: La technique "F.I.N.I"
Cette technique propose une démarche en 4 étapes pour décider de l'impact que l'on veut donner à un message.
Etape 1 : décrire la Figure (description rationnelle et émotionnelle de la situation)
Etape 2 décrire ce que l'on veut faire au sujet de cette figure ( notre Intention)
Etape 3 : Choisir le Niveau de notre intervention (à qui communiquer et comment le faire)
Etape 4 : construire son intervention pour maximiser son Impact.
La technique "F.I.N.I." nous aide à communiquer sainement. Elle peut être utilisée sans modération.
[1] Un échange irréversible, généralement accompagné d'une émotion, s'établit entre les interlocuteurs.
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